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Cercle Généalogique et Historique Champanellois

Association "Loi 1901" de Saint-Genès-Champanelle, 63 , France

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N'étant pas des géologues patentés par la Faculté, nous avons recherché sur la commune la personne la plus qualifiée pour retracer l'histoire géologique du territoire de la commune. C'est tout naturellement que notre choix s'est porté vers Monsieur André SIRAMY, grand érudit dans bien des disciplines qui nous a fait le grand honneur de nous recevoir et nous a autorisés à reproduire le remarquable article qu'il avait fait paraître dans le bulletin municipal.

Article de Monsieur André SIRAMY, paru dans le bulletin municipal de St Genès Champanelle N°48 de janvier 1993, reproduit avec l'aimable autorisation de son auteur.

Des pierres en cadeau

"Pour mieux comprendre le sol de notre Commune de Saint-Genès Champanelle -si riche en roches- dépouillons-le de son manteau de verdures, d'herbes, de genêts, de bruyères, de forêts et de cultures pour saisir son anatomie interne.

C'est ce que font les géologues depuis longtemps en ouvrant, en sondant la terre.

Ils nous dressent des cartes, quelquefois, nous dessinent des coupes pour nous faire imaginer les couches successives de roches qui s'entassent sous la peau des terres arables ou sauvages.

II y a un socle, et sous ce socle, d'autres matériaux traversés de courants d'eau, de vapeurs plus ou moins chaudes. Il y a des lacs aussi, des niches à pétrole, à charbon, du minerai...

A mesure que l'on s'enfonce à la verticale, nous savons aujourd'hui qu'il y a :

- une lithosphère (lithos : pierre), une croûte de roches dures, d'une épaisseur variable de 25 à 65 km, puis le manteau, une masse de matières qui sécrète la coquille de roches dures de la lithosphère, enfin, la pyrosphère (pyros : feu), pour désigner l'énorme ensemble igné, véritable usine nucléaire à très grande chaleur, à très haute pression : la barysphère.

C'est une masse gazeuse de Fer-Nickel qui assure l'équilibre magnétique du globe dans l'espace.

Au centre du noyau terrestre, au coeur de températures de plusieurs milliers de degrés s'agitent des gaz de composition chimique variée, dans un champ magnétique que les physiciens connaissent encore mal aujourd'hui. Cette turbulence magnétique agit à travers le manteau et en surface parfois, comme un immense catalyseur où des ions électriques se déplacent d'une anode à une cathode, dans des vapeurs d'eau, pour former des masses minérales, cristallisées parfois.

La science de la Terre a encore un bel avenir devant elle.

Le sol de notre Commune s'est construit en quatre grandes phases

A- Les éruptions Hercyniennes à l'Ere Primaire: 330 (M.A.) - Millions d'années -. Les roches cristallophyllliennes : Granites. Diorites...

B- A la période Oligogène (40 à 20 M.A.), la grande fracture du bouclier granitique et la formation du fossé de Limagne.

C- Un volcanisme antérieur à la Chaîne des Puys (3.4 à 3 M.A.) : Puy de Berzet, Charade, Nadaillat...

D- Le volcanisme de la Chaîne des Puys, entre 22.000 ans et 900 ans: Laschamps...

A/Pendant les éruptions primaires, le GRANITE dit "de ROYAT" apparaît

II est daté de :

  +16  
300   M.A.
  - 16  
Il couvre une grande partie de la Commune. Déficitaire en quartz, il possède de grands cristaux de Feldspath et du mica noir (biotite).

Celui de Theix est semblable, mais ce dernier possède des traces importantes de Tourmaline noire comme à Montana (Pardon).

Cet ensemble granitique est traversé de nombreux filons d'Aplite. C'est un granite à grains fins et à deux micas (le noir est de la biotite, le blanc est de la muscovite). Ce granite aplitique vient en injection dans les cassures du granite de Royat (Virages sous Thèdes, au Nord), et en massive intrusion au Puy de Manson. C'est la pierre de Manson ou Granite de Manson, daté de

  +13  
321   M.A.
  - 13  

ou :

  +16  
317   M.A.
  - 16  
selon les méthodes de datation.

Au Sud-Ouest de Beaune-le-Chaud, au lieu-dit "les Roches Quairières", apparaît un noyau de Diorite foncé quartzique : une Tonalite.

Un métamorphisme dû à la présence des granites et diorites hercyniennes apparaît en plusieurs lieux de la Commune. Ce sont des formations Volcano-sédimentaires, à faciés cornéennes et à hornblende.

A Laschamps, on le rencontre aux toits de l'intrusion : Cimes de Buzajeix et Cimes de la Côte. Ce sont des grés micacés très fins à mica noir. La roche est très dure, très sombre, massive à litage peu apparent, à cassure cornée.

De nombreux lambeaux apparaissent sur la carte du. BRGM au 5O.OOOème entre Royat et Saint-Genès.

Des panneaux de grés quartziques clairs se voient au carrefour de la route de Champeaux-Boisséjour, sur la route de Ceyrat à Berzet, à l'entrée d'un chemin forestier menant au Planet. Ce sont de vieux sédiments de l'érosion primaire ayant subi une lente transformation dérivant soit de grés argileux, soit de grés calcaires ou de calcschistes ferrugineux déposés dans des fossés en auges, des plissements synclinaux qui se sont en quelque sorte "fossiIés" sous l'action de la chaleur du magma volcanique. Ils sont aujourd'hui, semble t-il expurgés en surface. Ils sont très durs, soit sombres comme à Laschamps, soit clairs comme dans la petite carrière de "Charreire", sur la route de Manson à Champeaux.

On en rencontre au sud de Thèdes et sur les pentes de Saint-Aubin.

Notons aussi des lambeaux de filons de Lamprophyre, vieille roche riche en mica et hornblende, mais où le feldspath est absent.

B/ Constitution de la faille bordière de la Limagne

La terre bouge, nous l'avons compris. A un moment, à la période dite "Oligocène" entre 40 et 25 M.A., des plaques tectoniques chahutent la vieille Europe du Secondaire, du Jurassique. C'est le heurt lent et implacable qui soulève les Karpathes, les Alpes et les Pyrénées. Les vieux socles granitiques chargés souvent des calcaires des fonds marins sont corripressés, se brisent, s'effondrent, ou bien se gerbent l'un contre l'autre.

Des pressions considérables s'exercent sur le "manteau" et se répercutent sur la pyrosphère.

Ces plaies profondes, ces fissures, vont laisser passer en force des gaz, des cinérites brûlantes, des magmas, édifiant des systèmes volcaniques tels que le Cantal, le plus grand et le plus ancien d'Europe, environ 30 M.A. à 20 M.A., puis les Mont Dore, 6 M.A. à 1,8 M.A., enfin nos Puys plus récents.

Cet énorme bloc cristallin issu de grandes éruptions PRIMAIRES, fut brisé Nord-Sud par une faille, conséquence de la lente surrection tectonique alpine à l'époque tertiaire, il y a plus de 35 M.A., correspondant à l'une des dernières glaciations WÜRM II.

II y eut effondrement à l'Est et le granite du plateau d'Orcines-Ternant se retrouve au pied de la faille, à Flamina, à moins de 1860 m.

Ce granite de Ternant est enseveli sous des couches énormes de matériaux détritiques divers, marne, argile, grés, silice en galets, charriés par l'érosion, les fleuves et formant la plaine de Limagne.

Cette plaine devient un bourbier ponctué de lacs, de petites mers plus ou moins saumâtres pendant plusieurs M.A. de l'Oligène au Miocete, où vont apparaître les volcans de la Comté, Montaudoux, Montrognon, le Puy Giroux, les Coulées de Basanite de Gergovie, de basalte des Côtes de Clermont-Fd. entre 19 et 8 MA.

C/ Le Volcanisme antérieur à la Chaîne des Puys

Il apparaît sur le socle granitique vers 3 MA.

Le Puy de Charade produit une lave sombre, "Ankaramite" qui contient de gros cristaux d'AUGITE noirs et de I'Olivine (verte et blonde).

Le Puy de Berzet, de la même période, présente des coulées fossiles au sud. C'est un basalte fragmenté, qui coupe la route Berzet St-Genès, à l'entrée de la route de la Côte Rouge. D'un cône strombolien démantelé au Nord du Puy-de-Chatrat, sort une coulée de basalte jusqu'à St-Genès. On aperçoit des orgues grossières sous le cimetière sur la route Thèdes/St-Genès, face à la route de Berzet.

Du Puy de Beaune ou bien du Puy de Mercoeur, une coulée enfouie à sa source sous des scories et des laves récentes descend en lambeaux successifs, sous Beaune-le-Chaud, au Sud, en empruntant la vallée de la Prade, où coule I'Auzon. Elle est enfouie sous les alluvions. On la suit jusqu'à Theix et là, elle se confond avec une première coulée très fluide du Puy-Mey, qui descend de Fontfreyde à Theix, Moulin de la Pradelle, la Batisse, Chanonat, puis Julhat. Cette même coulée de basalte est recouverte jusqu'à Fontfreyde d'une autre coulée de Labradorite, un trachy-basalte, dit "Pierre de Fontfreyde".

Le Puy de Chatrat et le Puy Devet à Pardon, sont aussi datés de 3 M.A. Le Devet produit un basalte très noir. Une de ses coulées fossiles apparaît juste au sud des Laboratoires de Recherches de l'INRA, dans un V inscrit dans le "gore" du haut talus de la route.

D/ Le Volcanisme récent de la Chaîne des Puys

Il faudra attendre plusieurs millénaires pour voir apparaître l'appareil volcanique en ligne Nord-Sud et parallèle à la faille bordière de Limagne de la Chaîne des Puys. Les dates des premières coulées sont celles du Puy de Barme, au Sud du Col de la Moréno.

Le cône éruptif est de 7.850 ans. II est établi sur un socle de labradorite (leuco-basalte) de 22.000 ans.

Le Puy de Laschamps : son cône éruptif est daté de 8.200 ans. Un deuxième appareil est daté de 17 à 15.000 ans et il est établi sur un socle de trachy-andésite daté de 32.000 ans (1).

Nous pouvons dater les volcans récents de la chaîne des PUYS entre 11.000 à 6.000 ans en moyenne. On compte 11 phases éruptives.

On y rencontre 70 appareils de type strombolien ; 6 "maars" d'explosion; 4 dômes à trachyte (le Puy-de-Dôme, Sarcoui, Clerzioux et Chopine) ; 2 protusions trachytiques (le Puy Vasset et le Puy Chopine). Cet ensemble va donner des laves basaltiques, c'est-à-dire basiques, jusqu'aux trachytes plus acides chargées à plus de 60°% de silice.

Une curieuse manifestation volcanique est celle du "Maar" d'explosion de Clermont Ferrand ; le "Maar" du Fond de Jaude, ou bien des "Salins". Son marais existant évidemment encore à l'époque Gallo-Romaine, en témoigne.

II s'étendait au Fond de Jaude, Avenue Julien, jusqu'aux abords de Chamalières. L'EcoIe Normale d'Instituteurs, le bas du Puy de Montaudoux, l'Hôtel-Dieu, la nouvelle Préfecture, la Cathédrale ... .sont construits sur ce qu'on appelle le "Plateau Central". C'est un vaste arc, un bord du cratère du "Maar", où l'explosion violente a accumulé les débris pulvérisés marno-calcaires et argileux.

Sous l'action de la silice et du gaz carbonique (carbonate de calcium), ces fragments ont durci. Aujourd'hui c'est un genre de tuf volcano-sédimentaire dans lequel ont été creusées les caves nombreuses du Haut-Clermont.

Quand vous déambulez de la Place Regensbourg aux Salins, de la Banque de France, par l'Avenue Julien, jusqu'au Fond de Jaude, vous êtes dans la circonscription de la bouche d'explosion.

Nous voyons par-là, par cette trop longue histoire de la Terre, combien notre Commune et son environnement immédiat sont riches.

Excitant sans cesse la curiosité, la géologie nous projette dans une autre notion du Temps, une autre dimension aussi, qui ne peuvent que nous émerveiller et nous rendre modestes face à la fantastique mécanique de l'Univers.

Nous n'en sommes seulement que les témoins attentifs".

Bibliographie

Les Travaux de A. Rudel - IGN et BRGM Les travaux de : Guy CAMUS, Alain de GOER DE HERVE, Guy KIEFFER, Jean MERGOIL, Pierre M. VINCENT, JM PETERLONGO, de M. l'Abbé Henri PELLETIER.

(1) Notons sur cette première coulée une inversion du champ magnétique fossile total qui est connu des géologues du monde entier: c'est le cas LASCHAMPS. Mme Gely, Professeur agrégée de Sciences Physiques, nous en a entretenu dans un article plein d'intérêt, page 19 du BULLETIN MUNICIPAL n° 33 de Janvier 1989.

Les colonnes basaltiques de Montrodeix commune d'Orcines

dernière mise à jour le 05 septembre 2001

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