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Cercle Généalogique et Historique Champanellois

Association "Loi 1901" de Saint-Genès-Champanelle, 63 , France

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Des difficultés
Et des faits confirmés

Pour qu'un auteur, homme avec ses préférences ses émotions et ses fascinations, puisse mener une étude historique proche de la réalité, il doit réunir des sources sérieuses qui lui permettent de poser des certitudes.

Dans notre travail de recherche nous avons été confrontés à des problèmes inhérents aux sources mêmes : des incertitudes existent, certains récits ne sont pas concordants (voire sont contradictoires), des épisodes de la vie du personnage n'ont aucun fondement historique ou encore des faits importants ne sont pas expliqués.

I- Des difficultés dans l'appréhension et l'explication des faits

Si la consultation de différentes sources bibliographiques, nous a été d'un précieux concours, il n'en reste pas moins que des difficultés surgissent à la relecture de ces instruments de travail.

Des imprécisions et des lacunes formant des incertitudes conduisent à nous poser quelques questions.

Mais surtout, une donnée retrouvée dans les ouvrages consultés et non explicitée nous amène à nous interroger : pourquoi MORNAC fut-il condamné avec le bénéfice des circonstances atténuantes ?

A ces interrogations nous essaierons de trouver un élément de réponse gardant à l'esprit le contexte troublé de cette région.

l°) Des incertitudes

Les incertitudes concernant le récit de la vie de MORNAC sont de deux ordres : des contradictions, des imprécisions.

a) Des contradictions

Dans l'histoire de MORNAC, nous avons rencontré certaines contradictions chez différents auteurs et parfois même au sein du même ouvrage.

Deux auteurs Jean de CHAMPEIX et Pierre BALME nous livrent un récit contradictoire dans l'affaire de la jeune fille nommée LAGONELLE chez Champeix et GAUDET chez BALME. Ces auteurs lui attribuent un comportement complètement différent peu avant son assassinat. Pour J. de CHAMPEIX, il fait de LAGONELLE un personnage avaricieux, sans coeur cachant un gros magot 750 Francs, et peu sympathique pour le lecteur.

Au contraire P. BALME nous émeut à la description de la demoiselle GAUDET, s'étant appauvrie pour rembourser les dettes de son père, les seules économies lui restant étaient de cent francs.

Après la mort de J. BARRIER, l'instruction judiciaire ouverte par le procureur se termine par le réquisitoire de non lieu et la deuxième chambre du Tribunal de Clermont déclare le 26/01/1850 qu'il n'y avait pas lieu à poursuivre, l'auteur du crime demeurant toujours inconnu : chez P. BALME, l'instruction serait close. Tandis que dans l'arrêt de la Cour d'assises de Riom (extrait du registre du greffe de la Cour d'Assises), l'instruction n'aurait pas été clôturée après la mort de J. BARRIER : en effet "la justice était à la recherche du coupable et se livrait à de sévères perquisitions lorsqu'un nouveau crime vint déchirer le voile qui .recouvrait le meurtre de J. BARRIER..."

Chez BALME la contradiction quant à la date du décès de Marien BONY, est d'autant plus étonnante qu'elle figure dans son livre (page 18) le 09/08/1850 et, (page 21) le 11/06/1850.

De même, une contradiction dans le récit "des tristes exploits de MORNAC", peut être constatée entre les auteurs P. BALME et J. de CHAMPEIX. Pour ce dernier l'instituteur que MORNAC roue de coups en réchappe tandis que pour Balme, il meurt des suites des sévices infligés.

Enfin une dernière contradiction peut être relevée entre ces deux auteurs J. de CHAMPEIX fait mourir MORNAC au bagne de Cayenne et P. BALME au bagne de Toulon.

b) Des imprécisions

Certaines imprécisions rencontrées au cours des lectures ajoutent à la difficulté d'établir l'authenticité des faits.

Nous avons relevé des imprécisions concernant le personnage de MORNAC, ses soeurs et une affaire aux circonstances incertaines.

Quelle est la limite entre le genre romancé et la véracité des faits ? Cette question se pose pour l'enfance de MORNAC. A en lire les différents auteurs retraçant sa vie, on croirait déjà que MORNAC, tout petit, avait des élans criminels : par exemple chez J. de CHAMPEIX on trouve "tout enfant, il ne pouvait déjà souffrir une contradiction, subir sans violentes protestations la moindre punition. Il était à ce point raisonneur et vindicatif que ses maîtres avaient pris parti de le laisser faire. Dès son adolescence MORNAC, donne des signes manifestes de sa méchanceté, de son emportement; clerc d'avoué à Clermont, il cherche noise à ses collègues. II n'a guère que dix huit ans déjà on le trouve mêlé à toutes les querelles, à toutes les rixes..."

Ceci nous a semblé consister en une imprécision nuisant à l'impartialité du récit. C'est un peu accréditer les thèses de LOMBROSO (criminologue italien) dont la célébrité est connue pour ses thèses sur la criminalité génétique : les criminels auraient "des chromosomes criminels et la société contiendrait des hommes criminels", avec des gènes et un physique particulier.

En fonction des auteurs ou du rapport de l'instruction, la description physique de MORNAC varie. On peut expliquer ces divergences par la description de MORNAC à différentes époques.

Une autre imprécision demeure : même s'il existe une discordance entre P. BALME et J. de CHAMPEIX sur le lieu du bagne, la date exacte de la mort de MORNAC n'est rapportée dans aucun des récits, ni document (état civil).

De même les auteurs nous parlent d'une soeur de MORNAC, mais des imprécisions demeurent, sur les actes de naissance de l'époque républicaine cités par P. BALME, nous trouvons les prénoms de Catherine et de Jeanne qui auraient été les soeurs de Victor MORNAC, aussi est-ce étrange de constater que lors du procès, la justice ne citera comme témoin qu'une soeur de MORNAC prénommée Julie. Etait-ce alors Jeanne ou Catherine? Qu'est-il advenu dans ce cas de l'autre soeur ?

De plus si la date de la mort de MORNAC demeure inconnue, les auteurs se limitent aux registres régionaux pour constater l'absence d'actes de décès retranscrits des frères et soeurs du héros. Ces inconnues concernant la date du décès des frères et soeurs de MORNAC sont des vides importants.

Egalement, on retrouve de vagues traces d'une autre affaire criminelle : MORNAC aurait séquestré violemment une dame COHADE. En effet la dame Cohade débitrice d'une somme d'argent à MORNAC, aurait été traînée par lui devant la justice afin d'obtenir une saisie immobilière. Au travers des récits, le manque de données concernant la dame COHADE et sa relation première avec MORNAC ne nous permet pas d'appréhender les faits et l'affaire criminelle.

2°) Une interrogation importante : les circonstances atténuantes

a) l'interrogation

MORNAC fut appréhendé par la justice en 1852 et comparut devant la Cour d'Assises de Riom. La population ainsi que la justice, lasses de la terreur que faisait régner le personnage, voulurent en finir, et le firent condamner. Mais des circonstances atténuantes furent accordées à MORNAC, ce qui explique sa condamnation aux travaux forcés à perpétuité. On ne retrouve pas les faits qui furent susceptibles d'avoir constitué des circonstances atténuantes. Comment expliquer alors ce jugement clément, pour un meurtrier "récidiviste", et voleur (sans vergogne) ?

Ne nous satisfaisant pas de l'absence de justifications de la condamnation, nous avons tenté, à travers les faits retracés de l'expliquer.

Il nous semble que les circonstances atténuantes ont pu être motivées par deux éléments : des raisons tenant aux personnes et d'autres à la justice, qu'il s'agisse de sa structure ou de son application.

b) Une hypothèse tenant aux personnes

Certaines personnes ont pu jouer un rôle dans la vie de MORNAC et à l'audience, susceptible d'expliquer son jugement.

A l'audience, la déposition de la soeur de MORNAC semble avoir pesé lourd. Les auteurs s'accordent pour constater la pression qu'elle a exercé sur la justice, d'abord en écrivant au procureur pour dénoncer les agissements de la gendarmerie vis à vis de MORNAC, et ceux de la population lorsque les habitants passèrent MORNAC à tabac. Il semble également que Julie MORNAC ait obtenu des faveurs de la part du président de la Cour d'Assises qui accepta de lui procurer une table et de quoi écrire, et qui la fit installer à une place convenable. Elle aurait ainsi assisté l'avocat de la défense et témoigné sur la moralité de certains témoins à charge, comme sur l'origine de leur mobile. La participation active de Julie MORNAC au déroulement du procès, cautionnée par le Président, attesterait la confiance de la justice à l'égard des personnes instruites.

De même les origines familiales et nobles sont citées, lors du procès. Les jurés sont alors dans l'impossibilité. de ne pas connaître une ascendance si prestigieuse (Noblesse - Chevalier de Malte). MORNAC, fort de cette ascendance, saura également émouvoir l'assistance faisant preuve de sentimentalité : il pleurera lors de l'évocation de sa mère, sentiment que la population le croyait incapable d'éprouver.

Si l'attitude de MORNAC et de sa soeur peuvent constituer une hypothèse pour expliquer les circonstances atténuantes, la neutralité des habitants de la région semble également importante.

Comme nous l'avons signalé, la population locale a peur, ce qui explique sa participation étrange au cours de l'instruction. Les personnages qui témoigneront, donneront leur version des faits puis se rétracteront, ou alors se livreront à de faux témoignages.

Dans l'affaire Barrier, la pauvre victime dénoncera MORNAC et aussitôt se rétractera. De même le frère de BARRIER et sa soignante ne témoigneront que deux ans après.

Aussi, la femme ONDET, chez qui MORNAC et Barrier étaient venus se restaurer, déclarera ne pas avoir reconnu MORNAC en sa déposition de 1849 alors qu'elle aurait dit à sa fille le jour même le nom de "l'inconnu" qui était en compagnie de BARRIER : MORNAC.

Egalement, lorsque le maire établira des certificats d'honorabilité à MORNAC, il se livrera à de faux témoignages. Bref en aucun cas, il existera des aveux spontanés lucides et maintenus.

Cet éternel va et vient entre témoignages et rétractions nous semble motivé par la crainte des habitants de faire revivre les crimes par leur témoignage. Lors des enquêtes de l'instruction les personnes interrogées paraissent farouches et manifestent la volonté de laisser la justice, à la porte de chez eux. Pourtant soixante quatorze témoins à charge, peut-être libérés de cette terreur, viendront apporter des preuves accablantes contre MORNAC.

c) Hypothèse tenant à la justice

Dans le déroulement et l'organisation de la justice il nous a semblé que certains éléments pourraient contribuer à expliquer les circonstances atténuantes.

MORNAC fut jugé en 1852, à une époque où la désignation des jurés, aurait été encore faite dans la classe des censitaires et des intellectuels, ceci aurait pu alors profiter à l'homme instruit et d'extraction noble qu'était MORNAC. De même, l'homme chargé de défendre MORNAC, était l'ami de Mége l'ancien maire de Laqueuille, celui qui avait fourni les certificats d'honorabilité à MORNAC. L'organisation de la justice aux mains des notables, tendrait à expliquer une certaine partialité, et dans le cas de MORNAC, une indulgence envers une sorte de pair.

Egalement, l'instruction des affaires criminelles semble avoir été menées à la légère.

Déjà les moyens d'investigations de l'époque sont limités : dans l'affaire BARRIER, l'enquête des gendarmes est rudimentaire, face à une victime qui nie avoir été agressée. Dans le cas de la jeune fille assassinée (A. GAUDET), Pierre BALME rapporte qu'aucun constat médical fut effectué, ce qui explique le classement sans suite de l'affaire. De même, si les faits de l'histoire de la dame COHADE (séquestration) semblent si ténébreux, c'est que l'affaire ne fut jamais instruite.

Dans l'affaire BONY, la confusion règne dans les rapports médico-légaux rapportés au jury. Pour certains, BONY était ivre, pour d'autres non, de même les circonstances de sa chute sont de natures diverses.

Le défenseur de MORNAC va pénétrer et exploiter les failles de la justice, les lacunes du rapport médico-légal permettant de conclure à l'absence de meurtre, du fait de l'inexistence du corps du délit.

Comment expliquer aussi que MORNAC ait été déclaré complice de meurtre accompagné de vol, alors que le seul complice possible (BOUCHAUDY) était innocenté ?

Face à une instruction défaillante nous avons l'impression bien des fois que l'essentiel a été mal abordé.

Le lecteur a le sentiment que poussée par une population voulant en finir avec le cas MORNAC, la justice en oublie des détails importants.

Dans la compréhension de l'affaire MORNAC nous avons trouvé des difficultés inhérentes aux contradictions, aux imprécisions des récits, mais aussi à des données inexpliquées (circonstances atténuantes). Mais nos recherches nous ont conduit à certaines affirmations.

II- Des confirmations

Certaines de nos sources, par l'officialité des informations qu'elles contiennent permettent de dégager des certitudes. Egalement des recoupements effectués sont à l'origine d'éclaircissements.

1°) Des certitudes

Il est indéniable que MORNAC était issu d'une famille noble : il avait dans sa famille des ascendants dont deux chevaliers de Malte et un juriconsulte au XVIème siècle. Ceci est confirmé par le dictionnaire historique de Moircrie (tome 5, p 795)

Le dictionnaire historique de la France de Lalanne consacre également une notice à la famille MORNAC. Ces origines sont citées lors du procès et recueillis à l'audience (document annexe n°2). Ainsi que dans le journal du Puy-de-Dôme du 22 Juillet 1852 (document annexe n°3 )

De même on acquiert, la certitude que Victor MORNAC est né le 21 Septembre 1802 ceci par l'archivage de sa naissance dans les registres municipaux de Laqueuille. (document annexe n°4). Quant aux soeurs de MORNAC, nous retrouvons la date de naissance de Magdelaine MORNAC en 1793 et de Catherine MORNAC en 1798, sans savoir laquelle est Julie.

De plus, son instruction est bien réelle. Il savait écrire, nous en voulons pour preuve la photocopie de la lettre qu'il destina au maire de Laqueuille en 1844. (document ci joint n°1). Ainsi des photocopies de lettres dans l'ouvrage de Pierre Balme (document ci-joint n°2)

Par le calendrier des foires de l'époque, du département du Puy-de-Dôme (documentation annexe n°1) on retrouve la foire d'Ennezat du 29 septembre, qui servira d'alibi à MORNAC lors de l'accusation du meurtre de Jean BARRIER.

Egalement, nous avons retrouvé le contenu de la lettre écrite par les forçats au procureur du Roi, rendant publique la confidence que MORNAC leur avait faite, (document annexe n°5)

MORNAC s'est donc bien vanté de ses tristes exploits à ses compagnons d'infortune.

L'arrêt de la Cour d'Assises de Riom, retrouvé dans le service des archives départementales du Puy de Dôme à Clermont-Ferrand, rappelle les affaires BARRIER, BONY et quelques autres méfaits, ainsi que la première condamnation de MORNAC à 10 ans de travaux forcés, (document annexe n°6)

Archives du service historique de la Marine de Toulon. (document annexe n°7).

Si nous n'avons pu obtenir aucune précision sur la date, et lieu de la mort de MORNAC, nos investigations nous ont conduit à pouvoir affirmer que MORNAC a été au. Bagne de Toulon lors de sa 2ème condamnation le 8.08.1852, où il fut "détaché de la chaîne le 19/10/1862" et mis à la disposition de Monsieur le Maire de la ville de Toulon pour être transféré comme sexagénaire dans une maison de force conformément à l'article 5 de la loi du 30 Mai 1854.

Archives historiques de la Marine de Toulon.

(documents annexe n°8 et 9)

2°) Des recoupements

Certaines certitudes furent acquises par des recoupement entre des sources diverses. Chez BALME, une imprécision existe relative à la mort de Marien BONY : est-il mort le 11 Juin 1850 ou le 09/08/1850 ? Dans le procès d'Assises, la date de sa mort est celle du 11 Juin 1850.

De même P. BALME écrit qu'au moment où MORNAC veut détrousser la "GONNELLE", cette dernière n'a que cent francs d'économie ce qui paraît peu. Il nous la décrit comme une personne s'étant appauvrie pour régler les dettes contractées par son père. En fait chez J. de CHAMPEIX, cette personne possède 700 Francs, ce qui est confirmé par le procès d'Assises.

Avant de recevoir le document de la préfecture de Toulon attestant la présence de MORNAC au bagne de Toulon (car il fut libéré des chaînes en 1852), nous avions déduit devant la contradiction de certains auteurs plaçant tantôt MORNAC au bagne de Toulon, tantôt au bagne de Cayenne, que ce dernier n'avait pu le recevoir : son ouverture fut concomitante voire postérieure à la condamnation de MORNAC.

Lettre de Mornac au Procureur de la République, retrouvée par le Docteur Pierre BALME

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(d'après G. BEGON)

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dernière mise à jour le 13 juillet 2004

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